Francois Manon Ludo et moi rejoignons Gyom dans la vallée nord. Clem et JB en descendent. Ils y sont depuis 2 jours et viennent d’essuyer une nuit mémorable d’orage tropical dans une cabane sous une bâche. Gyom a décidé de rester sur place en espérant qu’on le rejoigne. Pas de signal téléphonique une fois le col passé. 2h de moto sur piste suivi de 6h de marche avec 1200m de dénivelé ascendant-descendant . Les sacs sont lourds, on doit apporter le matos Spéléo, bivouac et ravitaillement … Et l’eau pour le trajet. En partant en milieu d’aprem pour éviter le soleil au zénith. On arrive péniblement à 23h. Après avoir dérangé quelques serpents sur le chemin. Gyom est déjà couché et hallucine totalement de nous voir débarquer. Il désespérait et s’était résigné à partir le matin suivant à 5h du mat’. Mais l’équipe de relève est là !
Le lendemain, c’est parti pour explorer la suite de la résurgence 1 de la Nam Fuang. On commence direct par se baigner dans le lac d’entrée. Nus ou en vêtement néoprène léger. On aurait pu passer par un shunt sec en hauteur mais sachant qu’on va devoir nager plus loin autant se mettre dans le bain. D’énorme poisson font des sauts hors de l’eau pour attraper des moustiques. On doit passer entre eux… j’espère qu’ils n’ont pas de dents.
La veille ils ont vu des singes se balancer sur les branches au dessus du porche. Ils doivent venir se baigner ici aussi, on voit des traces de leur main avec leur pouce préhenseur.
Dedans on progresse en alternance dans la rivière puis dans les effondrements de blocs sur les berges d’une grande salle. Une grande colonie de chauve-souris est installée dans la voûte de la salle. De grandes colonnes en pile d’assiette rappellent un peu l’aven armand. Puis des stalagmites en forme de champignon. La progression sur blocs de pierre noire rappelle la psm. On retourne dans la rivière. Un dépôt noir au sol dans le lit de la rivière ressemble à du guano. Des écrevisses dépigmentées se cachent entre les pierres quand on balayent l’eau de notre spot lumineux. On continue le long de l’actif pour rejoindre le dernier point topo. Des dômes de calcite blancs. Peu de temps après … Un siphon. On part sur un fossile vers le géant gour percé au dessus du siphon. Les gours blancs secs cristallisés . Ca croustille. On essaye de se suivre pour laisser le moins de trace, en chaussette. La galerie fossile file. Draperies. Colonnes. Puis une grande salle. Le ciel est haut. Une visée à 93m mais on pourrait imaginer plus haut. Un départ de puits … On continue. Un mur de calcite. Un orgue. Une draperie jumelle. Des cafards classiques. Et d’autres troglobie blanc et anophtalme. Avec des antennes très longues. Je ne connais pas de blattes troglobie. Une espèce inconnue ? Des opilions jaune en masse. Beaucoup d’uropyge, gros comme des souris. Des Araignées troglobie rosée. Des petits coléoptères qui ressemblent aux Ptomaphaminus ferrandae de Tham Paka il y a 3 ans. Ils dévorent un scutigere mort.
On s’arrête sur une salle d’effondrement. Le lendemain on voit qu’elle ne poursuit pas. On fait une autre galerie fossile qui donne sur une salle effondrée. Puis au retour un canyon à sec mais qui doit être actif en saison humide vu le dépôt de boue. On sent un courant d’air. Excités, on progresse en suivant ce mouvement invisible. Mais on finit au bout de 600m sur une chatière impénétrable. Le vent souffle au travers. Il faudra penser à une désob. Plusieurs départ de fossile parfois avec des escalades sont notées sur la topo. On rentre. Les grillons grésillent et nous annoncent le lac de sortie alors qu’il fait nuit. On est super contents de cette journée… Une belle exploration. Il y a encore plus de traces de mains de macaques sur le sable de la rive. En partant on demande le nom de la grotte au village sur le passage. Tham pa yem. Ou yen ? La grotte sur falaise qui coule…. ?