Participants  : Gyom et Marina

: Vercors

 

Lundi 1er aout. On décolle du camping des Buissonets, on fait quelques courses, et direction la route de la Molière. On n’a pas d’ambition pour aujourd’hui, à part trouver notre lieu pour bivouaquer, et se reposer la veille de la sortie. On a eu assez de mal à dormir la nuit d’avant. La route qui mène au parking de la Molière est en fait une piste. Et en cours de route je me demande si je suis bien sur le bon chemin. Je m’arrête, il y a une voiture qui nous suit et ils sortent de leur voiture pour venir à notre rencontre. Ils me demandent où nous allons, ils ne sont pas sûr d’être là où ils veulent, non plus. Je leur dis ‘nous allons au gouffre Berger’, et la nana me répond, ‘ah nous aussi on va voir les bêtes, les vaches, les moutons’, hum. Bon okay.

La route était la bonne. On prépare nos sacs, après un pic-nic et partons pour repérer le chemin de marche d’approche. Les marquages sont très discrets. On se trompe, on se promène, on n’est pas pressé. Puis on finit par aller au lapiaz d’accès. Sur le fascicule distribué, on voyait des photos de tentes de bivouac juste à côté du trou. Au final, c’est ce qu’on fait, une petite plaque d’herbe à 100m du trou. La marche d’approche était de 45min.

Le soir, on se mange un petit lyophilisé plutôt écœurant, (je déconseille la truffade auvergnate lyoph, c’est décevannnnnnnt). Rien ne vaut la salade de riz. Petit à petit les groupes du jour ayant été dans le gouffre sortent, on discute avec eux. Certains nous conseillent de ne pas manger avant d’être revenu de la partie Couffinade. Pour aller le plus vite possible en bas et prendre son temps à la remontée. Juste des barres céréales et de l’eau pour ne pas s’alourdir pour remonter du fond. Certains nous donnent leur ziplock Riz-thon-mayo-mais-levure qu’ils n’ont pas consommés. Merci vraiment beaucoup, on les a appréciés le lendemain. Quelques autres conseils par rapport aux Couffinades, surtout se mouiller le moins possible sans néoprène, et les vires hors de l’eau sont équipées de plusieurs cordes extrêmement usées par endroit, avec l’âme de la corde apparente sur plusieurs dizaines de centimètres. Gloups, ça promet. Mais un soixantenaire d’un des groupes (sortant de 14h de promenade jusqu’au fond) nous affirme qu’il est déjà venu plusieurs fois au rassemblement du Berger, et que ça a toujours été ainsi aux Couffinades. Au pire si une corde lâche, c’est la baignade. Les puits eux sont bien tous rééquipés de cordes neuves, orange fluo.

Nuit courte encore. On se lève tôt, vers 6h. Thé Chaud pour se réchauffer, et hop on y va. Entrée vers 7h. On est le premier groupe, personne d’autre n’a campé ici hier. Petit anxiété, est ce qu’on va y arriver ?

Je passe en tête. Et à peine ai-je fait le premier puits que mon binôme m’appelle. Problème. La case de la batterie de sa lumière s’est détachée de son casque, et pend par le fil… ho-ho, ça ne commence pas bien. Je récupère l’élastique de ma lampe de secours pour refixer ça à la manouche style. Heureusement, ça aura tenu tout le long.

Enfilades de puits, puis le méandre. A ma surprise il est quasiment tout équipé. Et assez peu exposé. Je me dis, ouf, plus facile que celui des Biefs-Bousset, en même temps c’était la première fois que je découvrais un méandre. Bref ça passe, on continue. On entend de loin un autre groupe qui doit être rentré peu de temps après nous. Puits Aldo, grande galerie, salle des 13. Ici un groupe de hongrois est encore en train de dormir dans les tentes en couvertures de survie. Ils sont descendus la veille. Il y a des chaussettes et des combis qui pendent sur les fils, on dirait presque un squat cataphile.

On est en avance sur le timing. C’est bon signe. On fait une petite pause pour boire et ramasser quelques ordures. Mais rapidement on se dit qu’on ferait mieux de faire ça au retour. Pour les photos, pareil.

Arrivés à la salle du Vestiaire, on fait le tri dans nos affaires. Un panneau indique que cette partie engagée et aquatique. On laisse notre sac contenant le repas et des bouteilles. On n’embarque que des barres et 1 bouteille, comme on nous avait conseillé.

Je galère pas mal sur les vires du début, elles sont assez détendues, et je ne suis pas rapides. Au moins je profite du paysage, de très belles concrétions au ciel. Guillaume à froid. Sur la partie du réseau des cascades cela va un peu mieux, des vires traversent la rivière, mais elles sont légèrement ascendantes, ça glisse. Excepté sur les parties de corde tonchée.

On finit par arriver au puits de la cascade Claudine, je me rappelle d’une vieille photo avec le mat et l’histoire lu dans le bouquin des premiers explorateurs, Opération moins mille. On y est. On a réussi. Magnifique !

Le grand canyon, on le prend du mauvais côté, on arrive devant un vide noir sans voir le fond et sans corde pour descendre. Retour en arrière. C’est le long du côté droit qu’on trouve des vieilles cordes magnifiquement nouées dans tous les sens. On glisse jusqu’en bas pour retrouver la rivière.

Puits de la grande cascade, on croit être à l’ouragan, ça souffle pas mal d’embrun, mais non, pas encore. Vire tu oses, et puits de l’ouragan. On commence à être un peu mouillé. Plus par les embruns que le niveau de l’eau qui est assez bas aujourd’hui, on a trempé que jusqu’à mi-cuisse.

On descend au camp des étrangers, puis arrivés à l’affluent à -1075m, on mange nos barres et on retourne sur nos talons. Il est 13h, il est temps de remonter.

On croise le premier groupe qui nous suivait à la grande cascade. Puis un deuxième, troisième, quatrième. On est plus nombreux dans le gouffre que hier.

Le passage du réseau des cascades au retour… outch, je me crève. Je perds tout mon jus, alors que jusqu’à présent je n’avais pas trop ressenti de fatigue. Particulièrement les vires traversantes et remontantes. Après être sortis des Couffinades, On est glacé, surtout Guillaume qui m’a attendu. On récupère nos affaires pour se faire un repas. Malheureusement j’avais également pris mon briquet avec moi au fond, il est mouillé. Donc le repas sera froid. Il me faut investir dans un briquet tempête. Je commence à grelotter, on repart ce qui nous réchauffe très rapidement. J’essaye de faire quelques photos avec mon compact étanche. Le problème est que mes mains étant trempées et en train de se réchauffer beaucoup de vapeur d’eau se dégage et donc je n’arrive à faire que des photos de vapeur d’eau flashé. Tant pis pour les photos. Toute manière, on a acheté un livre. Ça fera l’affaire pour le souvenir. Arrivés à la salle des 13 et dans les grandes galeries on fait un peu de dépollution. Je commence à tituber un peu en marchant. On se remet des barres de céréales et on repart. La fatigue se fait sentir et plus on ralentit, plus on ralentit, plus on ralentit…. Le méandre qui m’avait paru finger in the nose à l’aller, me fait beaucoup plus flipper au retour, surtout que le kit décide de se coincer sur les derniers mètres qui ne sont pas équipés. Pas grave pas grave, ça passe. Train très lent pour les derniers mètres de puits. J’aperçois une étoile dans le ciel, je vois l’extérieur. Minuit. 17h de sortie. Ouf. Tout content de notre sortie, et groggi par l’effort, on boit à peine un pastis pour fêter ça, et on s’endort bien vite.

Merci beaucoup à Remy et toute son équipe d’avoir organiser cet évènement.

 

Lapiaz d'entrée
Lapiaz d’entrée