semaine du 14 juillet 2018
Après en avoir déjà parlé l’an dernier sans avoir eu le temps (puisqu’on a décidé de faire le Verneau à la place), nous voila enfin sur cette traversée mythique de la Pierre que Guyom nous organise. On est au gîte de Burguburu (http://www.gites-burguburu.com/) de Saint Engrâce (super gîte que je recommande), là où les spéléos récupèrent la clef de la Verna si besoin.
Samedi 14 juillet 2018 au soir :
arrivés au gîte et enkitage
Dimanche 15 juillet : équipement SC3
Ludo Ilian Clément Mark François Guyom Marina
Départ sous le soleil pour aller équiper SC3 au petit matin. Des orages sont prévus pour 17h et on a pas tellement envie de servir de paratonerre. On prend la piste du Pescamou. Quelques névés ont survécus aux derniers orages et beaux jours de juillet. Ludo a rapporté son drone, il survole le lapiaz… Sa docilité a des limites, le drone se met en position stationnaire et ne veut plus suivre. Après l’avoir récup, on se dirige vers le trou. Malheureusement l’équipe de tête a raté le passage et monte encore direction pic d’Anie. Je commence l’équipement. Les maillons rapides se dévissent aux doigts sans clef de 14. Il reste quelques tas de neige en bas de la premiere portée. Un petit nid d’oiseau, avec trois oeufs, ils doivent avoir un peu froid. Arrivée en bas des premieres séries de puits je tente de passer la main, mais plus personne n’a la motive d’équiper. Les longeurs de cordes correspondent moyennement, on a pourtant pris 75m de rab en cumulé… étrange. Dans le Brice Canyon je descend jusqu’à pouvoir poser les pieds de part et d’autre pour éviter un équipement de style parapuie belge. Dans le puits suivant je fais un passage de noeud quelques mètres avant la fin du puits. On révise au cas où on fera le puits des pirates plus tard (lol). On aurait pu équiper en plus économe de corde si on avait pas fait toucher les pieds dans le Brice Canyon avant de remonter à la lucarne.
Dans le puits du Beffroi il pleut carrément en bas. Je suis totalement douchée. je remonte vite. Il reste le p15 et le liberty bell à équiper. Mais personne n’est motivé. Ma combi est trempée.
On fera la fin de l’équipement quand on traversera. On course des marmottes en redescendant du lapiaz. L’orage se fait attendre. De retour au gite, il éclate. Les plombs sautent. On se fait petit. La route est un torrent. Demain la météo est orageuse tout le long du jour. On attendra mardi pour traverser.
Lundi 16 juillet
Guyom Marina
On va jeter un oeil à la salle de la Verna avec la clef récupérée au gîte. On réussi à avoir quelques infos. La rivière est en méga crue. Les turbines EDF sont à l’arrêt. Et le courant naturel passe très largement par dessus le barrage souterrain (20-30cm au dessus). On essaye de contacter un tas de personnes compétentes du coin pour comprendre comment les crues fonctionnent. A priori il y a un laps de 2h entre un orage et la crue dans le grand canyon sous terre. C’est très rapide sachant le peu de couverture sol/végétal en amont. Et 7h pour la décrue. On nous conseille de repasser le lendemain matin avant de partir faire la traversée pour vérifier que le niveau a bien redescendu. Et vérifier avant si les turbines EDF ne sont pas reparties, auquel cas cela soustrait 860litres/sec au débit naturel. Si les turbines avaient été activées, il n’aurait pas fallu que l’eau déborde du barrage pour que le tunnel du vent passe.
On en a profité pour descendre à la rivière au fond de la Verna.
Mardi 17 juillet matin
Clément Guyom Marina
De bon matin, check des turbines EDF, elles ne fonctionnent toujours pas. Le niveau au dessus du barrage dans la Verna, mais a bien baissé. En sortant de la Verna on croise un BE qui part pour faire une visite. Il valide que le niveau a assez baissé pour que ca passe, si la météo ne rajoute pas d’eau, bien entendu.
Mardi 17 juillet 14h05 >> Mercredi 18 juillet 8h50
Clement Francois Mark Ilian Guyom Marina
Il est 10h, le temps de se préparer et de monter au SC3, on est large pour que la décrue soit bien confortable. Check météo, toujours pas d’orage annoncé pour aujourd’hui ni pour cette nuit. Le prochain est annoncé pour 17h le jour suivant. La fenêtre est une baie vitrée. Tranquille. On monte à midi et demi à SC3 sous un soleil plombant. On emmènera quelques coups de soleil sous terre pour rester chaud. Et une tique sur François. On se pose la question, la tique va elle réussir à faire la traversée de la pierre ?
La tension monte. On a le stress mélangé à l’excitation. Mark et Guyom ont déjà fait la traversée Tête sauvage > Verna, ca devrait pas poser de problème.
La journée/nuit va être longue. On enfile les néop au bord du trou… Trop chaud, vite dans le puits !
Guyom passe devant, je le suis. Un bloc tombe dans le puits de la nuit. Gloups… Je laisse passer Ilian qui va finir l’équipement jusqu’au liberty bell. On a déjà pris des aises sur le timing, nous atterrissons en bas au bout de deux heures.
Laminoir… étroit, on n’est pas hyper enchanté. Ca passe, on enlève le baudrier pour faciliter le passage. On débouche sur une galerie perpendiculaire. Remonter dans la lucarne en face, ne pas prendre la galerie que l’on croise.. S’en suis une série de passages chatières étroites, puis fossile supérieur un peu compliqué avec plusieurs niveaux. On a perdu les balisages réfléchissants. Il y a des désescalades un peu exposées que je redoute… je serre les dents ; je ne suis pas fan du tout. Une des chatières débouche sur un puits où on doit éviter de glisser en passant sur le bord droit. C’est exposé, et sans équipement pour se sécuriser. Mark passe son sac avant lui et il tombe dedans. Contretemps, on le récupère avec notre corde de 35m de secours, il trouve un passage peu évident pour le rejoindre et l’attacher. Plus loin sur la gauche il y a un puits concretionné blanc, on continue pour descendre en opposition dans une faille (en suivant des flèches rouge). Je ne suis pas sûre qu’on est pris le parcours le plus judicieux… Je ne sais pas pourquoi on n’a trouvé aucune topo détaillée de ces passages. Mais quand je relis les CR et descriptions ne correspondent pas vraiment.
Plus tard, on rejoint l’actif. La rivière est belle, et pas troublée. On est confiant pour la suite. On passe plusieurs passages hors de l’eau. Le plus souvent sur la rive gauche de la rivière. A un moment on arrive dans une salle qui quitte l’actif et au dessus on a l’impression de voir des puits (salle de l’ARSIP ?). Certains se demandent si on arrive à tête sauvage ? mais non pas de ‘tag’. On prend un passage à droite. Rejoins la rivière. Plus loin, on perd l’actif, les galeries sont plus grandes.
Les équipements en fixes (un ressaut de 5m) sont assez usés, mais ca passe.
On arrive à la vraie tête sauvage, après la salle Cosyns. Ce n’est pas équipé. L’autre groupe de spéléo inscrit cette semaine n’a pas pris le même créneau que nous.
Puis, salle Pierrette (c’est écrit). On prend direct à droite, en suivant le courant de l’affluent. On est mouillé jusqu’aux cuisses par endroit.
Plus loin, une corde en fixe permet de descendre le long d’une petite cascade, et on remonte directe sur une autre corde en fixe sur l’éboulis en dalle en face. Les cordes sont un peu vieilles et abimées et mériteraient d’être changé.
Salle Monique. Salle Susses. L’eau n’est toujours pas trouble. Là les gars reconnaissent. On arrive bientôt dans le grand Canyon. les parois se resserrent, hautes. Le niveau d’eau augmente. Plusieurs fois, on franchit des trémies, parfois avec des équipements en fixe qui facilitent la vie, ou retarde la progression, au choix. L’eau ne dépasse que rarement les genoux, et les paysages aquatiques sont superbes. Peu de balises, emportées par les crues. Certaines cordes se retrouvent “quillées” en l’air par une ancienne crue probablement. On observe la présence de mousse de crue assez haute, probablement les orages des jours précédents. Ca met la pression. On sera plus peinard quand on sera sortie du tunnel du vent. La grande barrière permet de passer au dessus d’un gros chaos de bloc qui barre le passage.
Plus tard on remonte sur une corde en fixe. Les gars escaladent en s’assurant avec leur poignée. La corde est amarrée sur un anneau de corde dynamique, ca fait un peu peur. On débarque dans la galerie des marmites. pleine d’eau. Puis des fossiles.
Une faille sur la droite (équipé en fixe) étroite (où le sac se coince) permet d’arriver à la grande corniche. Une vire en hauteur avec main courante. On entend toujours la rivière sans la voir. On suit les scotchs light et on retourne sans problème dans les vasques d’eau profonde après Hidalga. On enfile les capuches des néop avant de nager. On ressort brièvement de l’eau, puis on retourne dans l’eau.. embarquement pour le tunnel du vent. On prend la première branche d’eau, celle-ci n’a pas de main courante au début. On doute un peu sur le fait que ca passe ou non. La voute mouillante n’est pas amorcée, puisqu’il y a du vent. Mais juste la place de la tête pour passer. Clément passe le premier, on suit, certains boivent un peu la tasse avec le kit qui flotte et qui rechigne à passer. On rejoint l’autre branche du tunnel du vent avec la main courante au plafond. Il y a plus de vent, et plus de courant, mais c’est plutôt confort. On avance plus vite. je suis longée à mon kit et le tiens comme une planche, la main courante me sert à me tirer pour sortir plus vite. Fin du bain de minuit vers 1h du mat.
On marche un peu pour se réchauffer avant de faire un squat , enfin une vraie pause. On mange. Point chaud, thé, bougie…. changement de tenue. Trop contents de quitter les néoprenes. La pause est assez longue. On a du mal à se remettre en route. On caille. Mais la marche dans les blocs nous réchauffe vite. Ca monte, ca descend, ca monte, dans les blocs assez escarpés. Parfois on voit les premiers ou les derniers avec leur lampe plus loin, comme s’ils étaient sur un mur. On récupère la sensation des orteils. Heureux d’arriver à Lepineux, on suit les balises. wééé plus que 4h ? truc du genre ? On passe le Gibraltar, main courante, et petite corde en fixe pour descendre le passage. On arrive salle E. Casteret. Là, ca devient un espèce de cycle où on marche machinalement sans plus trop comprendre. On voit une balise, on suit. on monte des éboulis de blocs raides et on redescend, c’est sans fin. On remonte, on redescends, on commence à se demander si la direction est bonne. La boussole déconne ? Hé mais cette balise en forme de pq qui pend, j’ai l impression de l’avoir dejà vue ? t’es sure ? et là ce gros bloc perché en haut de la salle, on vient pas de le contourner ? et maintenant un cable téléphone…. aie..
On se retrouve au pied de la corde qui permettait de repartir de Lépineux. Désespoir. Précisément à ce moment tout le monde commence à sentir sévèrement la fatigue les muscles qui tirent, l’envie de dormir… et la lassitude profonde… 4h du mat. Retour à la case Lepineux…
Bref on reprend en rassemblant ce qui pourrait ressemble à ce qui reste de courage. Et on ne lâche plus la boussole. Cette fois on reprend le chemin, le bout de balise PQ, le gros bloc, et on repère l’endroit où on s’est gouré. cette fois on se trompe plus. Mais on avance plus très vite. Loubens…. Galerie du métro c’est plat.. mais interminable. Salle Quéffélec, on est en pilotage automatique. Zombis walk. Salle Adélie. On traverse quelques fois la rivière les pieds dans l’eau. Attention au courant. Salle Chevalier, et puis… Ver… ah non toujours salle Chevalier. Une chatière relou en balcon sur la rivière. Ne pas laisser tomber le sac dedans. La verna est proche ? hé ben non. Toujours la Salle Chevalier. On traverse plusieurs fois la rivière en enjambant des blocs. Les balises blanche, rubalises rouge, scotchlight, cairns, tas, flèches de peinture blanche, rouge, noire… non on comprend plus rien, y’a plusieurs itinéraire. Parfois on se retrouve trop haut en plan galère on doit revenir sur nos pas… pff, changement des accus.
On retrouve les pieds dans l’eau, passage bas, on baisse la tête, en suivant le cours d’eau. On récupère un passage en hauteur équipé d’une vire en fixe sur le coté droit. Puis redescente, et on retraverse la rivière. On se goure encore à suivre des flèches rouges. Puis retour sur nos pas pour restraverser la rivière et chopper enfin les cordes de sortie vers le barrage hydrolique…Effectivement s’il y avait trop d’eau on aurait pu se retrouver coinsé encore ici. GGGGeeeeeeuuuuuuuuuuuuuuh. Le niveau du barrage a bien baissé par rapport à la veille. On sort… galerie EDF… le soleil… youhouuuuu !
Pour ceux qui se poseraient la question, la tique n’a pas traversée. Elle a dévissé avant.
Photos de Francois Lallier :
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