Hier après la swimming pool de guano à pwal, j me sens vraiment comme contaminée, j’ai l’impression que j vais muter en zombie. –
Des villageois ont placé une feuille de bananier avec une cigarette et 3 plumes noires à l’entrée de Tham Pha to 2 pour calmer les esprits (en fait c’était Gab).
Le plan était de retourner vers Kasi hier soir, mais avec la rencontre des scientifiques de Pasteur, le temps de discuter, de décamper et de retrouver toute l’équipe (du moins les survivants), on se retrouve confronté à la nuit. Du coup un bivouac de plus dans la vallée du Pha Lay. Le spot n’est pas désagréable ; loin de là. Déniché par Jérôme lors de sa balade, et avec l’accord du chef du village. Nous sommes en hauteur avec une belle vue depuis un carbet. Le coucher de soleil est magique. Pas mal d’étoiles ce soir, le ciel n’est pas voilé, mais la nuit est humide et plus froide que d’habitude.
Le lever de soleil couleur pastel nous réveille de concert avec les oiseaux diurnes qui se lèvent. Finalement, nous sommes plus proche du Pha Koy que du Pha Lay de là. Je me dis que ce serait bête de ne pas prospecter un peu avant de retourner à Kasi quitte à être sur place. Personne n’est motive pour me suivre, certains retournent dans Pha to 5 pour récup du matos et équiper le bout du bout, et d’autres sont chill, ou de retour à Kasi. Je pars seule vers le chemin qui monte au Pha Koi. Je suis à pied la piste qui monte doucement vers l’épaulement, puis plus rudement direction la jungle. Un carbet de bucheron en route. Dans la jungle le chemin s’arrête vite. Sans Machette je suis obligée de m’arrêter là. Dommage, déjà arrivée à l’altitude 610m ca aurait pu valoir le coup. Mais où aller sans indice? Je rebrousse chemin et décide de prendre le lit sec de rivière qui remonte dans le vallon un peu plus au sud. Je remonte aussi jusqu’à 600m d’altitude assez aisément, suivant les traces des bucherons, mais pas de grotte. Pourtant parfois des courants d’air frais et des recoins sous gros cailloux du lit m’y ont fait croire. Ces rivières sèches ne sont peut être parfois que des collecteurs de surface d’écoulement de bassin versant. Je m’arrête par faute d’eau et retourne au campement dans la vallée. Seul Zeus est encore là. Je discute avec lui de tout et de rien, et nous décidons d’aller pousser l’explo en moto au fond de la vallée Pha Lay plus au sud. Nous descendons plusieurs fois de moto en y croyant, plusieurs fois on voit des stalactites en falaises apparentes, des courants d’air sur fissure, et des pertes impénétrables, des dolines qui ne donnent sur rien, cavités de 5m de développement, et des porches ou trous en hauteur, trop haut pour être atteint simplement. Je note tout sur offlinemaps… Mais déçus de ne rien trouver de majeur, nous rebroussons chemin après le cul de vallée (et quelques faiblesses de bécanes), pour rejoindre le groupe à 14H qui sort de TP5. Juste le temps de gober des nouilles au gingembre et à l’ail et ils sont de retour.
Certains ont croisé Hanong ce matin (le villageois de Ban Phato qui connait les grottes du coin). Il dit qu’il sait qu’il y a une grotte vers le début du Pha Koy en hauteur mais il n’y est jamais allé. Il viendrait avec plaisir avec nous. Mais le temps va manquer pour cette expé. Nous avons récup son numéro.
Avant de rentrer Jérome Gyom et moi retournons voir notre nouvel ami lao Khamsing au bureau du chef de Ban Phato. Il parle francais, et nous parle de leur projet de recherche. Très interessé par récupérer les tiques que nous avons nourri, et les enregistrements de chiroptères ultrason pris dans les grottes (ils en font également avec l’écho meter pro 2, mais il n’existe pas de base de données pour les identifications automatiques, et l’analyse sur pc ne permet que de reconnaitre les familles). Il fait une thèse sur les phlébotomes. Mais à Pasteur ils ne s’intéressent qu’aux animaux vecteurs de maladie. Pour les autres espèces, il ne connait aucun autre contact au Laos. Il nous explique qu’ils essayent en parallèle de leur projet de constituer une collection type pour certaines espèces, il n’existe rien d’équivalent à un muséum d’histoire naturelle dans le pays, excepté pour la botanique. Il nous dit qu’il connait déjà notre site web et qu’il a téléchargé les rapports pour avoir les topos des grottes. Mais par contre eux ne pénètrent pas loin sous terre, et ne vont pas ailleurs qu’à Tham Phato 2. Les instrumentations qu’ils amènent et la logistique serait trop pénible si l’accès n’était pas facile. De plus ils sont contraints de porter des protections personnelles (type gant masque blouse) travaillant et manipulant de potentiel vecteur pathogène. Ce qui n’est pas trop compatible avec l’effort sportif. Comme c’est un des auteurs de cette publi que j’avais lu avant de partir sur les similitudes entre les Covid des chiroptères et des humains, je lui pose quelques questions. Les sites de prélèvement au nord de Muang Met sont des falaises et non des cavités; Mais il en existe dans ce secteur. Bien qu’il me précise qu’on sera déçu, ce n’est pas Tham Pha Ka. Pour ce qui est de Muang Fang (le secteur ou Ilian est allé en début de séjour) par contre, c’est bien des entrées de cavités leur site de prélèvement. Il nous raconte également leur stratégie de prospection des cavités (sachant qu’il n y a pas de spéléo locaux) : ils demandent au chef de village qui dans le coin connait les grottes. Celui ci les oriente vers des personnes qui parfois sont effectivement usuels des visites sous terre, parfois ce ne sont que des légendes rurales.