Réveil aux alentours de 9h30, j’ouvre les yeux au son de la seule voix féminine de cette expédition, ce qui me fait commencer la journée de bon pied. Tout le monde est déjà sur le pied de guerre, les cartes de la région sont sorties et un cour improvisé de topographie s’organise rapidement pour les plus novices d’entre-nous. Une fois les différents groupes organisés et les objectifs de mission de chacun assimilés, nous voilà partit. Nous partons a 4 sur 2 motos avec Adrien, Fred et Bruno pendant que les autres partent en moto solo pour les missions plus éloignées où les chemins d’accès risquent d’être plus sinueux.

Au bout d’une quinzaine de km, a l’entrée du village de «Tham Tai», nous remarquons des entrées de cavité sur notre droite et décidons de stopper pour aller jeter un coup d’œil. Nous laissons les motos sur le bas côté et longeons la falaise jusqu’à tomber sur une petite grotte d’une dizaine de mètres de longueur ce qui en fait un terrain idéal pour se familiariser avec les techniques de topographie apprises plus tôt dans la journée. Nous montons ensuite sur le piton calcaire surplombant la vallée mais sans trouver d’autres trous a explorer. Au moment de redescendre, nous croisons un vieil homme du coin et le questionnons avec nos 3 mots de Laotiens sur sa connaissance d’autres grottes dans le coin. Comme ses explications semblent indiqués qu’il se trouve peut être un peu + de matière a exploration que ce que nous avons trouvé jusque là, nous lui demandons de nous montrer. Il nous emmène par un petit sentier jusqu’à une chatière se trouvant derrière un gros morceau de falaise effondré, autant dire que nous n’aurions pas trouver sans un petit coup de pouce. Un gros courant d’air frais se fait sentir a l’entrée nous faisant penser que l’on peut s’attendre à pas mal de vide une fois dedans et il ne nous en faut pas plus pour nous jeter a l’intérieur avec excitation. Notre guide improvisé préférant rester a l’entrée malgré notre offre de nous accompagner, il passe les quelques minutes suivantes à déblayer et nettoyer la chatière d’accès de ses feuilles mortes et autres cadavres fossilisés d’araignées.

Nous décidons de commencer par une exploration de l’ensemble de la grotte et de commencer la topo à partir du fond en revenant doucement vers l’entrée. Il s’agit d’une galerie unique et dans l’ensemble assez droite se prolongeant sur environ 200m avec une hauteur de plafond relativement basse, et par ci par la quelques détails «remarquables» comme des stalactites, une ou deux chatières de contournement, et même quelques graffitis. En un mot, on se croirait presque dans les carrières (surtout lorsque l’on trouve ça et la quelques vieilles bouteilles probablement «oubliées» par les jeunes du coin en mal de sensations fortes ou a la recherche d’un peu de fraîcheur, ou d’intimité..). La grotte en elle même n’est probablement pas très excitante pour un spéléologue chevronné, mais pour Adrien et moi qui sommes des néophytes, c’est un bon début. Nous déroulons le décamètre, relevons la pente et l’orientation, et dessinons un croquis sommaire de l’ensemble. Une fois notre besogne accomplit, nous regagnons la sortie où nous retrouvons notre guide qui est toujours la. Après l’avoir remercier chaleureusement et partager une cigarette avec lui, nous repartons sur les motos a la recherche du frigo le plus proche afin de profiter d’une boisson fraîche. C’est chose faite quelques km plus loin lorsque nous tombons sur une épicerie improvisée de bord de route. Au même moment nous découvrons un panneau indiquant une grotte se trouvant a 2km de là et décidons d’aller y jeter un coup d’œil. L’ensemble est très impressionnant avec des hauteurs de plafond atteignant 17m par endroits, nos frontales n’éclairant que bien peu ce qui nous entoure mais nous sommes contents d’y être, sachant que l’endroit parait officiellement fermé (et cadenassé)… Visite rapide car la lumière du jour commence à décliner et nous avons une trentaine de km a faire pour regagner notre camp de base, la ville de Kasi.

Sur le chemin du retour, nous profitons d’un magnifique coucher de soleil sur les montagnes environnantes, zigzaguons entres les vaches omniprésentes, et assistons a une scène plutôt insolite lorsque nous croisons un couple sur une moto ou la femme assise a l’arrière tient la perfusion de son mari du bout du bras pendant que celui-ci conduit. Une fois de retour a notre guesthouse, nous sommes rejoints rapidement par les autres groupes et échangeons les potins du jour. Nous apprenons rapidement que nous sommes les seuls à avoir cartographier quelque chose aujourd’hui, mais malheureusement rien de nouveau puisque d’autres membres de l’EEGC avaient déjà cartographier le même endroit 4 ans auparavant… Mais bon, ce sont des choses qui arrivent et cela sert toujours de pouvoir comparer 2 topos afin de mettre à jour la première version. Nous apprenons aussi une mauvaise nouvelle à savoir que l’un de nous est tombé sur sa moto et s’est pas mal écorché mais heureusement rien de trop grave, simplement quelques jolis bobos. La moto a prit chère aussi mais une demi-heure à l’atelier et environ 8 euros plus tard, la voici comme «neuve». Le reste de la soirée est plutôt calme, la fatigue se faisant sentir dans les corps après quasiment 24h d’action non-stop depuis l’arrivée à Bangkok un jour plus tôt (sans compter le vol long courrier avec escale en Chine pour la grande majorité d’entre-nous). Nous allons manger au restaurant d’en face, puis une fois de retour à l’auberge, nous visionnons les différentes photos/vidéos du jour, parlons du programme du lendemain, puis chacun regagne sa chambre tranquillement. Une bonne nuit de sommeil nous attend, demain est un autre jour (au Laos)!