La virée sur 2 jours a été a peu près préparée : les sacs sont faits : premiers soins, progression, dodo, boisson (du M150 au Laolao)
Réveil tôt, le temps de boire un ou deux cafés et de faire un tour au marché ou nous voyons plein de gibier, mais nous contenterons d’acheter de la viande sèche et quelques outils.

Départ pour une route interminable :de Kasi nous allons a Ban chiang puis descendons jusqu’à Ban Napho avant de remonter vers Ban nam Fuang. Quelqu’un a dit a Jb et Clem qu’il était possible de rentrer dans la grotte en bateau. L’idée est donc d’aller a Ban Nam Fuang et d’y trouver le fameux bateau.
La route, la route…. 12km de goudron, puis 30km de piste horrible, 30km de piste acceptable, 10km qui finissent de nous achever le derrière : de la route poussiéreuse sur lesquelles les mobs peinent. Je fais deux ou trois montées a pied tandis que clem pousse la mob. Si on était déjà crades et poussiéreux, nous sommes maintenant abjects. La descente dans la vallée de Ban Nam Fuang est splendide.

La piste de la mort

Nous arrivons au bord de la rivière : bain pour tout le monde. Immédiatement, nous rencontrons un local. Il ne parle pas anglais, mais on se comprend a peu près : il est question de dodo a Ban Nam Fuang, et de bateau dans la grotte.
Il sort un téléphone avec une antenne, hurle quelques mots de Lao. Nous partageons une clope : dans notre esprit, nous dormons a Ban Nam Fuang et verrons la grotte demain. C’est donc sans trop savoir ou nous allons que nous montons dans le bateau qui arrive avec tout notre bordel. Nous comprenons vite que nous allons à la grotte.
C’est parti pour 2h de pirogue dans des eaux basses. Les pêcheurs connaissent leur rivière et savent comment gérer chaque virage, chaque passage de pierre. Du rafting en longboat ! Magique !
J’ai déjà le cul en compote, rajoutons 2h assise sur une planche étroite dans une pirogue….

La découverte de la résurgence

Dans un registre plus poétique : nous sommes dans un décor splendide : une vallée perdue, des pêcheurs avec des harpons, des filets et des masques de plongée antiques (modèle Cousteau). Nous lançons des grand Sabaïdee, enchantés du paysage. On se croirait au bout du monde.
Nous arrivons finalement dans une vallée plus large, avec une vue sur 2 pitons rocheux massifs, de la verticale pure. Les pêcheurs nous indiquent un premier porche en hauteur. Difficile d’estimer sa taille, mais une chose est sure : il est massif. C’est prometteur !
Encore 10 minutes de pirogue, et nous voyons le porche : l’entrée est majestueuse, nous sommes comme des fous. Appareil photo, GPS, carnet topo, vidéo, lasermètre, cartes, on ne sait plus quoi sortir, c’est le boxon, c’est la fête
Le bateau accoste sur une « plage » boueuse. C’est parti.
La topo s’avère complexe : le lasermètre de jb peine : les volumes sont trop importants. Nous laissons vite tomber, il faudra revenir avec le disto X pour la faire.Du coup, nous profitons de l’exploration. La hauteur sous plafond est folle, et tandis que nous avançons a pied, nous nous éloignons de l’eau. Tout d’abord le long d’une « berge » qui remonte un peu, avant d’atteindre une nouvelle salle, dans laquelle nous voyons des tonnes de sacs de riz. Nous discutons tant que faire se peut avec les guides : il s’agirait du riz venu du haut de la vallée par un puits ? A coté, un vieux bureau en bois…. Nous avançons dans un éboulis : a gauche de notre passage, un grand rail monte vers le plafond. La structure a l’air solide. Mais surtout, surtout, une telle structure, dans une grotte perdue au fond du Laos ? Nous nous faisons tous des films…. L’opium qui descend des plateaux ? un trafic souterrain ?
Nous nous enfonçons un peu. Une galerie bouchée de glaise part sur la droite. Mais nos guides fatiguent, et nous font comprendre qu’il reste un bon bout de balade en pirogue a faire, que la nuit tombe, etc….
Nous rebroussons chemin, émerveillés, frustrés, curieux, surexcités.
Arrivés a la pirogue, nous demandons s’il est possible de suivre le cours de la rivière. Nous nous enfonçons donc de nouveau vers le fond de la grotte, mais en partant à gauche de la partie a sec que nous venons d’explorer. Plusieurs salles, des concrétions énormes, des piliers de plus de 2m de diamètre….. nous sommes comme des fous !

Le retour – c’est immense…

Nous nous arrêtons sur une concrétion de 12m de large (a vu de nez), et un rayon de lumière : la traversée est possible ! nous la tenons ! Des kilomètres de topo à faire, une traversée avec potentiellement une seconde grotte à trouver au delà, de la folie pure.
Demi tour. Nos guides sont à la fois contents de rebrousser chemin mais ravis d’avoir exploré la grotte jusqu’au fond.
Le retour se fait dans le sens du courant, et est « un peu » plus rapide que l’aller. Pour fêter cette trouvaille, tournée générale de laolao. Nos guides refusent dans un premier temps puis finissent par se prendre au jeu.
Arrivés à proximité de Ban Nam Fuang, nous négocions la virée et la nuit sur place. Clairement, on se fait enfler, mais on s’en fout, on est au 7eme ciel.
Nous suivons Nong (notre pêcheur en chef) jusqu’à chez lui. Seul un maigre pont permet d’accéder au village. On comprend a quel point il est branlant quand Nong descend de sa moto et la pousse. Si même un mec qui prend ce pont tous les jours pousse sa moto, c’est que vraiment, c’est précaire.
Arrivés chez Nong. Nous sommes accueillis royalement : douche pour tout le monde (et c’est pas du luxe). Toum, la femme de Nong me prête un sarong tellement mon pantalon est dégueulasse. Je suis un peu emmerdée au moment de l’enfiler : et ça s’attache comment ce machin ?

Descente de la Nam Fuang au coucher du Soleil

Toum nous installe un lit royal, avec matelas, drap, oreiller, couette, moustiquaire. Puis on nous sert un dîner : du riz gluant, des trucs qui ressemblent a des haricots (avec une tétrachiée de piment) et une bouillie verdâtre (pas mauvaise, même si douteuse). On nous offre de l’eau. J’en bois une grande gorgée, mais JB et clem sont plus sceptiques sur son origine. La solution est toute trouvée : tournée générale de beerlao !
Nous en achetons 5, Tom et Nong en sortent encore trois, qui fissent par nous achever. Il est 20h, nous sommes morts de fatigue. Dodo.
Réveil au son des coqs, de la télé, et de la vie qui reprend dès le lever du jour. Un coup de flotte, un café, et nous prenons congé de nos hôtes. Ils nous offrent un petit déjeuner, mais rigolent quand clem explique qu’on préfère ne pas manger avant de reprendre la route.C’est reparti. La brume est encore épaisse, mais c’est bon d’attaquer la route à la fraîche. La rosée rend les routes moins poussiéreuses.
Nous faisons un petit détour pour voir … ah non, bon y’a rien à voir. Bon, route, alors. Route, route, route, j’ai mal au cul, j’ai mal partout, je suis fatiguée. Nous sommes tous sur les rotules, et plutôt contents de rentrer de bonne heure afin de profiter de l’aprem pour se reposer, glander, et SE LAVER.
Route route, route. Mais ça s’arrête jamais ?
Arrivés à Kasi, c’est magique : l’électricité à été coupée, douche froide dans le noir. ON s’en fout. Beerlao. On est morts.