On repart avec Jérôme. Finalement on galère un peu à retrouver exactement la trouée dans la végétation, malgré nos photos d’hier. On entend des voix au loin et on espère ne pas tomber sur les arboriculteurs car nous ne sommes pas certains qu’ils apprécieraient notre présence ici.
Vers l’entrée, on tombe nez à nez avec un très beau et assez grand papillon troglophile (à identifier ?). On retourne au ressaut. Jérôme perce pour installer un point. Ce n’est pas simple, les parois sont tapissées de boue. Jérôme parvient à descendre et me fait passer le bodard pour que je puisse descendre aussi.
De belles méduses blanches contrastent avec la couleur de l’argile. Puis, on tombe sur une gigantesque coulée de calcite de 10 mètres qui plonge à pic. Et une multitude de chauves-souris (visiblement des rhinolophes, avec leurs nez rose en patate et leurs oreilles qui ressortent en se terminant par des pointes), qui ont trouvés un bon spot pour ne pas se faire embêter (malheureusement pour elles, on est passé par là…). Elles nous frôlent, ça braille, elles veulent comprendre ce qu’on est et ce qu’on fabrique là. Mais impossible de descendre pas là pour nous. On n’a pas pris d’autre corde car les autres en avaient besoin pour leurs explos. On va voir si on peut descendre ailleurs.
Il y a des formes de concrétionnement intéressantes en forme de dentelle, des sous-tirages ayant fait effondrer les planchers de calcite (sous lesquels on va jeter un œil), des bells holes avec des traces de phosphates, des coups de gouges nous indiquant l’ancien sens de la rivière, des billes d’argiles sur le sol d’une partie de la cavité, des concrétions « rongées », un très bel orgue de stalactites, avec un miroir de faille à l’opposé, des formes de dessiccation intéressantes. Mais aussi de la mérule sur du vieux bois mort, des isopodes blancs, des orthoptères, des araignées, des filaments de bactéries, des gastéropodes. C’est plein de vie ici !
D’ailleurs… Vers la fin de la cavité, on tombe sur une trace de pas d’un laotien. Improbable ! Cela signifie qu’ils ont dû escalader ou installer une échelle pour le ressaut de l’entrée…
Vers la sortie, ça se confirme avec un tag de Laotien. Comment dire… C’est une espèce de mélange entre le corps d’une femme, d’un poulet et d’un visage. Pas du tout flippant.
On débouche de l’autre côté. Jérôme tente de prendre le point avec son GPS. Il doit fortement se décaler de la falaise et entrer dans la jungle pour capter un peu et avoir notre point précis. De mon côté, je prends aussi le point avec mon téléphone, pour l’intégrer sur OfflineMaps. A priori, on n’aurait pas traversé le massif et on serait toujours sur le même versant, à 405 mètres de notre entrée.
Pendant que Jérôme calibre toujours son GPS, je pars explorer une autre entrée de cavité juste à côté. Ça continue pas mal donc je vais chercher Jérôme et on commence l’explo tous les deux, sans aller trop loin (par contre il faudra qu’une équipe revienne !), car on doit commencer la topo de l’autre cavité.
On débute la topo (en commençant par notre « sortie »), qui nous prendra 5h et videra notre stock de concentration. J’ai le disto en main, Jérôme indique les points suivants, note les coordonnées en double sur le carnet, en tentant de faire en plus un croquis.
On va topographier jusqu’au siphon et ses 3 départs, dont l’un est une grande coulée de calcite. On se demande si ce ne serait pas notre fameuse coulée où il y avait la multitude de chauves-souris. Je reste ici et Jérôme fait le tour pour voir si notre théorie est bonne. Mais c’est le calme plat… C’était une autre coulée que nous n’avons pas trouvée finalement.
On finit par boucler notre topo ! Enfin ! On rentre à la guesthouse pour savourer une bonne bière et un bon repas après avoir sauvegardé les données du disto sur l’ordinateur.