Tout le monde est parti à « la Centrale », mais chais’ pas pourquoi, la perspective de 2h de route aller, plus cinq heures de marche, pour bouffer des cacahuètes et du thon en boite m’emballait pas trop !
Bref, je me fais un petit retour sur Vang Vieng, avec la perspective d’éventuellement jeter un œil sur le siphon de Tham Houey Ye et faire quelques photos de grottes.
Et bien il est bien loin, le temps où Vang Vieng était « un petit paradis qui n’attire que les amateurs de papillons et de grottes », dixit le Routard à l’époque.
Il subsiste bien, ça et là, quelques panneaux qui ont au moins dix ans d’ages, où l’on payait 5 à 10 milles kips pour faire de la première . Certains chemins ont presque disparus, repris par la jungle . Des nouvelles pistes sont apparues, mais qui mènent toutes à des constructions en cours ou des resorts. Developpement desordonné qui laisse déjà des carcasses de béton abandonnées au milieu des rizières, et qui en laisseront encore certainement d’autres au grès des fortunes qui se font et se défont tellement rapidement ici.
Je retrouve un des guides de Tham Pha Lusi, cavité touristique majeure à l’époque. On avait eu quelques petites guéguerres avec lui et ses acolytes, car ils avaient le don de nous faire payer le droit d’entrée à des grottes qui ne leur appartenaient pas, mais on se salue avec un sourire, c’est du passé. Lui-même n’est plus guide, il a une petite gargotte et fait de la location de scooter.
Sortie à Tham Lom : je trouve tant bien que mal la piste qui amène à Tham Lom. Plus aucune indication pour la grotte, juste un panneau Beer Lao au bord de la route, qui mène a des bars au bord de la rivière, où la Techno Lao crache à fond dès 9h du mat’, avant même l’arrivée des clients locaux. En demandant, je trouve l’accès. Les passerelles ont vieillis, mais permettent quand même de trouver le sentier raide qui mène à l’entrée, qui souffle toujours autant. Séance photo où l’appareil rame à la mise au point dans ces énormes volumes, mais j’arrive quand même à en faire. Mais le courant d’air vient il seulement de ces grands volumes, ou d’un étage supérieur encore inexploré ?
Sortie à Tham Nang Oua : Tham Houey Ye initialement prévu. Galère de trouver l’accès, j’ai failli lâcher l’affaire, toutes les pistes mènent à des chantiers où l’on me dit que je ne peux pas passer. La propriété privée a gain de cause sur le communisme. Je trouve finalement la bonne piste, la rumeur dit qu’ici se construit un futur golf. En tout cas, je rentre sur le terrain sans encombres, y’a juste des geomètres qui me disent d’éviter le fil à niveau qu’ils viennent de poser. Je reconnais à peine le paysage, tout est rasé jusqu’au bord de la montagne. Je crois reconnaitre un bout de falaise, et j’entends du mode qui y bosse, je vais demander : j’y croise un cordiste, chinois ou coréen, accompagné de deux laos armés de meuleuses, ils sont en train de construire les plateformes pour une enième zipline. Ils ne connaissent pas les grottes, me disent que l’accès est fermé, mais j’y vais quand même. En fait, ils construisent une plateforme à 3m de l’entrée de Tham Houye Ye… Je retrouve aussi l’accès à Tham Nang Oua, et finalement, le ratio difficulté/photo me fait choisir celle-ci plutôt que Tham Houye Ye. J’y passe la matinée et une partie de l’après-midi, satisfaisante, et sans même passer le ressaut, alors que j’ai corde et baudrier, mais y’a déjà de quoi faire en photo.
Le soir, mission poudre noire, je rencontre Antoine, notre fournisseur, un pote d’Illian, et assiste amusé aux préparatifs d’une grosse partouze par une bonne dizaine de coréens, qui emportent avec eux la moitié des filles du bordel voisin.
Révolu aussi le temps des « tubeurs », ces touristes en spring-break, majoritairement australiens, qui descendaient la rivière en bouée, bourrés et défoncés, et qui déboulaient à moitié à poil, ensanglantés pour certains et certaines après des sauts là où il n’y a pas de fond, le soir venu dans la ville. Ce qui rend d’autant plus incongru les derniers culs nus, ou à peine masqués par un string, que les Laos font semblant de ne pas voir, gênés par tant de décadence occidentale.