L’histoire d’un équipement en “fixe”
On devait faire une sortie sportive vers l’actif, le but était de voir si ca allait le faire sur une longue sortie niveau physique avant de s’engager dans des projets plus engagés. Jean Bernard, Gouffre Berger… des projets en l’air.
Descente par le puits du Bret, une trappe fermée à clef le couvre. La clef se demande au cds46. Au dessus du puits une structure en arc de cercle permet d’amarrer la tête de puits au dessus de la trappe. Le puits a déjà sa corde qui reste là, en fixe, déroulée sur toute la longueur du puits. Seulement pour fermer la trappe, la tête de puits ne peut pas rester équipée, ils laissent le noeud double chaise reposer sur une tige filetée qui sort du mur (en dessous de la trappe) faisant office de porte corde à installer quand besoin. Devant, ils équipent le puits avec notre corde de club et celle en fixe est laissée telle quelle.
Enchainement du puits du Bret, une petite salle boueuse, une remontée d’un ressaut sur une corde en fixe. Equipement de la deuxieme série de puits après un passage boueux. On rigole avec la boue. Arrivée en plafond de salle, descente en fil d’araignée au sommet d’un “tas” d’argile. La descente jusqu’à la rivière se fait avec une corde le long d’une pente très argileuse, glissante. 15cm d’argile sur les semelles, les gants triplés de volume, englués d’argile. On rigole beaucoup moins avec la boue. Arrivés à la rivière, constat prévisible, les précipitations des dernières semaines ont fait enfler le débit, on ne pourra pas aller plus loin par l’actif. Faire le fossile ? Non, la motivation n’y est pas. On pic nic et décide de remonter.
On me demande de déséquiper. Beaucoup d’argile sur la remontée, j’arrive à peine à saisir ma clef de 13 entre mes doigts glissants. Les amarrages sont pénibles à dévisser. Les kits pèsent 1 tonne avec le volume d’argile qu’ils ramassent. J’ai jamais déséquipé un truc aussi long, je crois que j’avais déséquipé qu’une fois auparavant le puits de la combe au prêtre, c’est pas la même histoire, je suis rincée. Le niveau physique, c’est pas ça. Arrivée au pied du puits du Bret je propose à Gyom d’échanger de lui prendre 2 kits et de lui laisser déséquiper la fin. Les autres sont déjà en haut, ca résonne, impossible de communiquer. Je galère au fractio plein vide. Au niveau technique c’est pas ça non plus… Va falloir progresser. En dessous, Gyom ne comprend pas non plus ce que je dis. Un coup classique de débutant je n’arrive pas à me décroller. A ce moment là, je me dis que ca me simplifirait la vie de m’aider de la 2nd corde, qui est juste à portée de main et sans fractio. Grave erreur, je ne me souviens pas sur quoi elle repose, où plus précisément je n’avais pas identifié le danger à l’aller, étant inexpérimentée concernant l’équipement, je ne m’en étais pas soucié, erreur aussi.
Résultat, je suis au bout d’une corde qui n’est attachée à rien, un maillon rapide dans une des deux oreilles du chaise double dans lequel un fil de fer (épais!) est tortillée et posée sur la tige filetée (un goujon). Equipement ultra-light fil-de-fer, avec 2 kits-enclumes au cul. Film d’horreur.
Un peu plus tard, j’entend crier en haut. “C’est une blague !! change de corde !!!! “. Je comprend très bien au ton employé que ca n’a rien d’une blague. Je change très rapidement ma poignée de corde. ouf. Sauvée. Je l’ai échapée belle.
Après cette épisode je me suis jurée d’apprendre l’équipement, et de passer devant en sortie spéléo pour être sure de maîtriser tout ce qui se passe.
Ce qu’il faut retenir de cette histoire :
– Les équipements en fixe font partie d’une grotte au même titre qu’un cailloux ou bloc posé en équilibre. Il faut vérifier tout ce qui concerne ces élément en place de la grotte avant de les utiliser comme amarrage, comme appui ou comme élément de progression. La corde en fixe laissée en place n’est plus un équipement spéléo mais elle fait un avec les aléas et danger à identifier. Si on ne peut pas vérifier son état ou son attache, on ne l’utilise pas.
– Les nouvelles recrues doivent se former le plus rapidement possible à être autonome et à savoir équiper pour au moins savoir identifier un problème. Sachant qu’il est possible de se retrouver seul à devoir prendre une décision dans un endroit où il n’est pas possible de communiquer avec celui de devant ni celui de derrière.
– L’organisateur d’une sortie encadrant des novices doit, autant que possible, s’il ne peut pas les écarter tout danger, sinon les identifier et les communiquer à tous les autres de la team.
– Si je retourne au puits du bret un jour, et vois cette corde fixe sur maillon rapide/fil de fer/ posé sur gonjon, je l’attache en amarrage irréprochable sur le portique au dessus, même si je met une seconde corde à nous. Juste au cas où. Et ca peut être plus rapide d’avoir deux cordes sur un p40 en cas de besoin, notemment pour encadrer.