Notre objectif est le puits énorme qui constituerait la perte de la Nam Xang Nua. Nous travaillons sur des indications recueillies l’an passé. Le tuk-tuk nous dépose au Nord de Vang Vieng, près de Tham Hoï et nous terminons le reste du chemin à pied. La résurgence voisine est en cours d’aménagement et les ouvriers sont en train de construire un barrage. La retenue d’eau ainsi créée ne permettra plus de rentrer dans la cavité à l’étiage. Petit détour par Tham Hoï, la grotte avec une statue colossale de bouddha coloré. Nous cherchons ensuite le chemin qui, à flanc de montagne, nous permettra d’atteindre le plateau calcaire, 300 mètres plus haut. C’est moins un chemin qu’un sentier, où il faut souvent s’aider des mains pour escalader les blocs de calcaire acéré. Après plusieurs pauses indispensables pour retrouver notre souffle et nous réhydrater, nous atteignons le col avec soulagement. Au-delà, c’est la jungle, la vraie de vraie, végétation dense, lumière tamisée par les hautes frondaisons, ambiance moite. Nous suivons le sentier principal en passant près de plusieurs entonnoirs calcaires de faibles dimensions. Ils sont tous bouchés. Nous pique-niquons dans un abri sous roche qui semble régulièrement utilisé. Plus loin, beaucoup plus loin, nous trouvons le lit de la Nam Xang Nua. Nous descendons vers l’aval. Après quelques désescalades glissantes sur les énormes rochers dans le lit de la rivière qui va en s’encaissant de plus en plus, à la manière d’un canyon, nous trouvons enfin la perte. C’est un beau gouffre. C’est LE gouffre. Nous sommes sur la lèvre d’un entonnoir géant ; en face de nous l’autre paroi se trouve à au moins 50 mètres. Un arbre au tronc lisse et fin a poussé sur le bord opposé du gouffre, mais il ne peut pas nous servir de point de repère dans la jungle, car celle ci est trop dense pour discerner un grand arbre d’un autre grand arbre, et la pente un peu raide pour descendre vérifier depuis le sentier du haut. Nous jetons des cailloux qui, avant même de toucher le fond, ont le mérite de nous faire rire car durant leur chute il y a un instant de 2 secondes pendant lequel on se demande jusqu’où ils pourront bien tomber !!
De la belle première en perspective, mais certainement pas pour aujourd’hui car il est presque 16h00 et nous devons songer au retour. Néanmoins, puisque nous reviendrons demain, nous laissons nos équipements sur place, qui derrière un rocher, qui sous des feuilles de bananier. Retour assez facile, mais la partie la plus verticale du parcours, pour redescendre dans la vallée de la Nam Song, est bien fatigante. Nous remonterons demain mais en passant par le Nord, via Ban Nampin, un village Hmong isolé. Qu’importe l’heure à laquelle nous arriverons au gouffre puisque nous passerons la nuit sur place afin de mener l’exploration (équipement plus topographie) le plus loin possible.