En cette matinée où certains sont partis vers la perte de la Nam Xang Nua dans les montagnes, Eric, Geoffroy, François, Fabienne et Nicolas sont partis vers l’ouest, vers Tham Phou Kham, grotte très touristique mais également mal topographiée. C’est donc la mission du jour. Après une bonne demi-heure de motoculteur, le transport rural et local, ils arrivent devant un cours d’eau bleu azur, sans doute la résurgence de la cavité, du moins de sa partie active qui reste à découvrir… Une courte mais pénible ascension mène au porche d’entrée : la grotte est très vaste et ne correspond en rien à la topo existante. Déjà, quelques visiteurs s’étonnent de l’étrange accoutrement de ces touristes qui visitent la grotte tout en déroulant un mètre ruban et en criant des chiffres cabalistiques, soigneusement consignés par Nicolas sur le drôle de carnet jaune ! Même Bouddha, allongé sous son palanquin, semble sourire de leur activité. Chemin faisant, ils repèrent des gouffres apparemment inexplorés, un ressaut qui attendra (la topo d’abord !), une galerie qui se termine en chatière sur puits… Ils réalisent 800 m de topo pour boucler le cheminement dans la grande salle d’entrée en suivant la paroi de droite sans la lâcher… Un fort potentiel donc pour cette cavité que l’on croirait délaissée par les Italiens ou les Anglais, voire par les Français, puisqu’elle est à peine évoquée dans les rapports. Il faut dire qu’elle est vraiment très parcourue et la meute de vacanciers paressant au soleil, au bord de l’eau, a de quoi surprendre un peu après le calme de Tham Hong Yé et Tham Pha Leu Si. Qu’à cela ne tienne : les spéléos se jettent tout habillés dans l’eau azuréenne en espérant qu’elle se teintera du rouge de leur guenilles boueuses. Même pas… Il y a des fois où l’on se dit que la vie est belle. Montée dans la jungle A peine arrivé a Vang Vieng, Frédéric s’embarque dans le groupe en partance pour la perte de la Nam Xang Nua en compagnie de Gaël, Lena, Yann et Gabriel. Par chance, le groupe retrouve le guide de l’année dernière qui accepte immédiatement de les conduire dans la montagne. Il se fait d’ailleurs accompagner de deux amis Hmongs dont un est armé d’une Kalachnikov. Le ton est donné ! La montée est longue et pénible. Les guides courent sur les pierres, seulement chaussés de tongs. Les cinq spéléos transpirent à grosses gouttes au milieu de la jungle humide et très fournie. Fred regrette vite de porter un short. Les feuillages sont urticants et la transpiration brûle les petites plaies à chaque instant. Au terme de 3 heures de grimpe, ils atteignent le lit de la rivière qu’ils cherchaient. Elle est à sec, bon signe… Ils prennent à peine le temps de manger et commencent l’équipement du gouffre. Il est vraiment impressionnant ! Vers 18h30 la nuit tombe et le groupe décide de remonter rejoindre les guides qui ont fait un feu, cuit du riz gluant dans un bambou et posé leur arme sur une pierre du canyon d’accès au gouffre. A 20h30 chacun se fait une place au coin du feu, discutant avec les Hmongs dans un mélange de lao et d’anglais puis se couche, complètement vanné. Vers 3h00 du matin, Fred est réveillé par le bruit de la jungle. Il est heureux de dormir dans la jungle aux côtés de fiers montagnards locaux, d’avoir descendu une bonne partie du gouffre. Demain matin, il mangera du rat et des chauves-souris attrapées par les guides pour le petit déjeuner… Au fait c’est aussi son anniversaire aujourd’hui, il a 31 ans, et il se trouve dans la jungle laotienne au bord du gouffre de la Nam Xang Nua.