23/07 : Grenade
Dernière étape de notre traversée de la France et de l’Espagne avant d’atteindre le Maroc. Notre expédition a en fait commencé une semaine plus tôt en Ardèche dans les conditions « marocaines ». nous en sommes à environ 2100 kms de voiture surchargée de matériel et entassés à 5.

Les 300 derniers kilomètres en Espagne paraissent long tant on espère pouvoir se poser un peu. Algéciras, nous embarquons sur le Ferry, direction Tanger pour 3 heures de traversée. L’arrivée se passe relativement bien dans la cohue, car on ne débourse pas de bakchich malgré les demandes et évitons la fouille complète de nos nombreux kits. La nuit tombant, nous décidons de la passer dans le capharnaüm de Tanger

24/07 : Bab Taza
Nous faisons les 130 derniers kilomètres au Maroc pour atteindre le premier but de notre expédition : Bab Taza. Cette petite ville se situe dans le Rif. Zone montagneuse nord, très pauvre et principale zone de culture du Haschich. Nous retrouvons une partie de notre équipe (3 personnes) qui sont arrivés à Casablanca par avion, la veille, et qui nous rejoigne en voiture.
En cherchant un endroit pour dormir vers le Djebel Bouhalla où s’ouvre le gouffre du Toghobeit, nous tombons sur des champs très odorants. Apparemment, il ne doit pas y’avoir de touristes dans le coin, nous retournons vers la petite ville de Bab Taza. Nous trouvons un endroit pour nous restaurer et un guide pour le lendemain : bonne nouvelle ! Concernant l’hôtel, le plus proche est à une dizaine de kilomètres du village.

 

25/07 : Toghobeit
Nous nous sommes séparés en 2 équipes, une pour rejoindre le guide au rendez-vous et l’autre pour finir les courses pour notre camp près du Toghobeit. Le guide nous assure que notre petite voiture passera dans la montagne. Malheureusement, la piste du parc naturel est trop accidentée, nous larguons tout le matériel sur place et redescendons pour chercher un 4*4.
En attendant, nous croisons un berger qui nous indique clairement le Toghobeit et pas à l’endroit où nous allons ! Nous maudissons, notre guide …. Au village, les choses s’arrangent. Nous tombons sur Mohamed, qui connaît parfaitement le gouffre. Et pour cause, il a fait parti de la première équipe d’exploration. Un puits porte même son nom dans le gouffre. Il nous trouve les affaires qui nous manquent pour monter le camp et notre organisation commence à
prendre tournure. Nous rechargeons toutes les affaires et redescendons vers un terrain plat pour refaire le point.

 

Nous repérons le sentier qui monte au gouffre à environ 1 heure de marche. Après quelques négociations, nous engageons finalement des porteurs. Il s’avère que le sentier n’est pas mulable et très raide. Nous sommes 20 ! 9 porteurs, 1 pseudo-guide, Mohamed et le berger qui nous a orienté plus nous 8. Tout le monde est lourdement chargé et les pauses sont fréquentes. Après avoir été payés, les porteurs redescendent et nous virons gentiment notre premier guide qui ne connaissait, en définitive, même pas le gouffre et essayait plutôt de nous arnaquer ….

Nous restons avec Mohamed et le berger Abdelkader avec ses 2 chiens. Notre camp est à une vingtaine de mèters au dessus du gouffre, ce qui est très appréciable après la longe marche d’approche que nous avons fait.

 

26/07 : Toghobeit (entrée)
De bon matin, nous partons équiper le puits d’entrée (90m) pendant d’autres explorent 2 petits gouffres aux alentour. Le P90 est fractionné en plusieurs tronçons, nous devons respiter une bonne partie. Vers la fin, il se sépare en 2 et beaucoup de pierres tombent dans le puits. En bas de l’éboulis final se trouve quelques restes des expés précédentes (années 60-70).
Les autres trous explorés se trouvent à quelques centaines de mètres du Toghobeit dans des failles parallèles (Kef Delma et Kef Ansif). Nous partons également vers une bergerie (une tente dans la montagne) à une demi-heure de marche pour récupérer un peu d’eau stagnante que nous
traiterons pour boire.

 

27/07 : Toghobeit (Explo)
Aujourd’hui est une grosse journée, nous nous séparons en 2 équipes pour explorer le gouffre assez profondément. Une équipe part à 10h et l’autre à 15h. Nous équipons jusqu’au puits Mohamed (-314), celui là même trouvé par notre guide. Beaucoup d’inconnus car nous n’avons que peu d’informations
sur cette cavité. Nous avons une description sommaire et la topo mais pas de hauteur de puits.

De nombreux ressauts et puits inconnus avalent donc rapidement nos cordes de secours. Les 2 équipes passent 12 heures sous terre. Heureusement que la cavité est parcourue par un fil de téléphone sur une bonne partie. En tout cas, les restes des camps d’exploration des années 60-70 sont très nombreux : boîtes de conserves, piles, bites à carbure, chaux, etc.

28/07 : Repos
Aujourd’hui tout le monde est trop fatigué pour mettre les pieds dans le gouffre et de plus, nous n’avons plus d’eau à notre camp de base. Nous partons à une source à plus d’une heure de marche. Nous contournons « la mosquée des singes » et arrivons dans une vallée sèche près d’une bergerie. Nous regardons avec un léger dégoût l’eau croupie que nous avons bu pendant 2 jours. Un peu plus haut, nous repérons un aven. Nous continuons vers la source, mince filet d’eau tombant dans de petits bassins. 1 L en 1 min 40 ! De la bonne eau qui faudra quand même traitée ….

29/07 : Retour au Toghobeit

Retour au fond du Toghobeit pour faire une ultime pointe et déséquiper. 2 équipes avec léger décalage. 8 h de Temps Passé Sous Terre. Nous avons rejoint le début de l’actif et sommes arrivés dans la salle Molinar. Le soir, nous préparons du sanglier. Un berger du coin l’a chassé ce matin, à la hache ! On a le droit à une moitié ce qui est déjà beaucoup. Désossé et tranché, il reste plus de 30 kilos de viande pour nous ….

 

30/07 : Redescente
Nous retournons dans la vallée après 5 jours de montagne à 1700m d’altitude. Nous faisons de nouveau appel à des porteurs. Miracle de la technologie, les téléphones cellulaires passent dans chaque recoin de montagne. Cela permet de guider les porteurs égarés jusqu’à notre camp de base. Nous redescendons par le village de notre guide Mohamed à Bouhalla.

 

2 heures de descente sous un gros soleil sans ombres. Quelques champs de « kif » (haschich) et de blé apparaissent près du village. Nous mangeons le couscous avec un notable du village qui a vu passé toutes les expéditions au Toghobeit. Puis enfin, nous nous posons dans un hôtel « tout confort » pour un repos bien mérité et un petit retour à la civilisation.

 

31/07 : Départ pour Taza
Départ de Bab Taza pour Taza ! Deuxième objectif de notre expé. Nous nous arrêtons faire du tourisme à Volubilis, ville romaine en pleine zone aride puis à Fès pour y passer la nuit.

01/08 : Taza

Après avoir brièvement erré dans la médina de Fès, nous sommes partis pour la province de Taza, dans le petit village de Bab Bou Idir. Celui-ci n’existe vraiment qu’en été avec le tourisme marocain. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment un village juste un camping dans le parc naturel. C’est très proche des incontournables grottes Friouato et Chiker.

02/08 : Friouato et Daya Chiker
N’ayant pas eu le temps de passer voir le gouverneur de Taza et n’ayant plus de ressources à la négociation, nous n’avons pas pu descendre le Friouato sur corde (80m plein pot). Les escaliers étaient déjà assez impressionnant ! Nous avons exploré ensuite cette grotte (visité par Casteret) jusqu’au siphon terminal. Pour nous rattraper, nous avons été équiper la grotte du Chiker, siphon du poljé (Daya Chiker). Quant il pleut, cette grotte est très active car complètement sous un lac ! Elle draine, en fait, toutes les eaux du poljé. Il reste des aménagements d’un barrage fait par les français. Mais le temps et l’eau ont été les plus forts et il ne reste que des vestiges qui rende une impression de bunker à cette grotte. Nous équipons tantôt sur paroi, tantôt sur des barres de fer
restées en place ….

03/08 : Préparatifs du retour

Nous refaisons tous les kits pour les réinstaller une dernière fois sur le toit de la voiture. Nous rencontrons également les
jumeaux (président et secrétaire) du spéléo club de Taza. Des gens très actifs et passionnés qui ont du mal à s’approvisionner
en matériel. Leur ardeur et leur enthousiasme fait chaud au coeur. De bons contacts, pour une prochaine expé !
Nous partons prendre le ferry de nuit ….

04 au 07/08 : Retour sur Paris

Après 6 heures de traversée, cette nuit, nous avons peu dormis sur le bateau. 2000 kilomètres de plus nous attendent jusqu’à Paris. Nous ferons
heureusement une pause à Barcelone …….