Nous sommes repartis de bon matin pour Tham Hong Yé, mais cette fois ci pour la partie Ouest du réseau. La progression se fait sur un lit de galets agglomérés avec du sable et de la glaise, glissants, avec parfois des lames calcaires aux formes très agressives, de vraies lames de couteau. Nous marchons assez longtemps à un rythme très rapide et nous sommes couverts de sueur en arrivant au premier obstacle vertical, un ressaut d’environ 6 mètres. Nous avions prévu d’utiliser une corde de 10 mètres pour l’équiper, mais cela risque de ne pas être confortable, voire sans aucune sécurité, ce qui ne séduit personne. Il existe déjà un spit planté l’an passé, mais très en hauteur, avec un frottement plus bas. Comme nous ne voulons pas sacrifier notre corde de 20m que nous gardons pour plus tard, il faut improviser. François plante un spit contre assuré par celui du haut. En bas, du sable gris. On retrouve sur les parois les dessins et inscriptions laissées par la précédente équipe l’an passé. Jusque là, nous sommes en territoire topographié. Ce n’est qu’un peu plus loin que commence la partie connue mais non topographiée (500m environ) qui mène à une grande salle. Les dimensions et l’orientation de la galerie permettent de faire des visées de 50m ! Nous avançons rapidement en procédant avec méthode, une division scientifique du travail : Gaël au carnet topo, Yann avec la boussole, François déroule le quinquamètre tandis que Gabriel avance en éclaireur pour trouver le point topo suivant, ce qui nous fait gagner pas mal de temps. La grande salle, terminus de l’équipe de pointe de l’année 2001 (Fabio et Gabriel) semble tellement importante que nous décidons d’en topographier le contour. Mais après une petite reconnaissance, il apparaît qu’une galerie semble mener à la suite de la cavité. Priorité à l’explo « profonde », nous avançons maintenant en étant sûrs et certains de faire de la première. Nous progressons ainsi sur plus de 400m pour arriver de nouveau en haut d’une salle immense. Mise en place de la corde pour éviter une belle glissade. La suite est invisible, d’un côté un remblai de 15m de haut, et de l’autre un chaos de blocs énormes. Nous posons les sacs. Gabriel et Gaël partent entre les blocs tandis que François remonte le remblai (sable, galets, argile verte) vers ce qui ressemble au sommet d’une voûte. Bon, c’est la base d’une très haute cascade pétrifiée qui monte à 40 degrés vers un sommet que l’on ne voit pas. Ca laisse imaginer un affluent. François transpire pendant la montée, cherchant les prises et s’inquiétant de la descente, et fait finalement demi-tour à mi-hauteur car il ne veut pas continuer seul. A la base de la cascade, il aperçoit une chauve-souris qui passe devant lui. Au sol des carapaces de crabes de rizière, sans doute amenée là par l’eau. Yann le rejoint alors et, plus hardi que lui, réussit à atteindre le sommet de la cascade pétrifiée. Encouragé, François le suis. Là haut, nous sommes au moins 20m au-dessus du niveau de base de la cascade. Après un dernier « bombé » stalagmitique, il y a un plan d’eau bleue et profonde, mais sans issue. Cela ressemble à un puits noyé. Un bouchon de glaise et de roche s’est peut être formé à la base de ce puits, rendant possible son ennoiement. Gabriel et Gaël les rejoignent, n’ayant pas trouvé de suite évidente dans le chaos, profitent du spectacle et nous redescendons tous ensemble. Nous reconnaissons volontiers que si nous étions arrivés par le haut, nous aurions mis une corde en place pour descendre en toute sécurité… Pause beignets à côté de nos kits, et nous prenons le chemin du retour avec un arrêt exploratoire dans la salle terminale 2001, qui en fait jonctionne à main droite comme à main gauche avec la partie « amont » dont nous venons de faire l’exploration. A noter dans cette salle, le long de la paroi, un ensemble de blocs lessivés par l’eau qui doit arriver par le plafond. Retour fatigant en marchant toujours à un bon rythme. Partis à 18h00 de la salle terminale 2002, nous sommes dehors à 20h00. Bien sûr, il fait nuit noire et la forêt résonne du bruit de tous les animaux qui sont cachés dans la journée. Encore 45 minutes pour sortir de la forêt, passer la Nam Song à gué, observer un curieux petit serpent noir avec une tache rouge marron sur la tête et que Gaël a failli écraser.