Cette première nuit de bivouac fut fraîche, voire très fraîche ! Les guides préparent du riz cuit dans du bambou et de la fleur de bananier à la braise. Pour eux, ils ont capturé cinq chauves-souris avec un filet dans la nuit : la brochette du chasseur. Les spéléos s’équipent et redescendent jusqu’à la vasque à moins 50 m et poursuivent la progression dans le puits. L’eau a érodé plus régulièrement la roche ici ce qui facilite l’équipement. En quelques spits ils atteignent le sol sableux du puits d’entrée à la côte -135. Le ciel n’est plus ici qu’un petit trou de serrure éblouissant, à leur verticale. Une galerie aux dimensions honorables (50m de haut) bifurque dans l’obscurité vers la gauche. Un ressaut de 6 mètres arrête la progression et les éclairages permettent juste de voir le bas du puits suivant. Toujours pas d’obstacle insurmontable… Mais l’équipe manque maintenant de corde. La relève qui doit arriver dans quelques heures prendre le relais apportera 200 mètres de plus. Arriveront-ils au fond ?

Pour l’heure, c’est la remontée avec comme seule idée en tête un retour rapide à la vallée et Vang Vieng pour faire le plein d’énergie avant de revenir au gouffre. Bien que les sacs soient plus légers à présent qu’à l’aller, la chaleur reste accablante. Blessures, sangsues, fourmis… Rien d’exceptionnel… Une fois au pied de la montagne, les touristes sales ne résistent pas à une baignade dans la résurgence de la Nam Xang, l’endroit même où les spéléos pourraient peut-être arriver s’ils parviennent à traverser la montagne sur 300m de verticale depuis le gouffre. L’eau frôle la voûte de la grotte par endroit. Ils s’enfoncent à la nage jusqu’à ne plus voir la lumière du jour percer à travers l’eau bleu clair. Après ce bain relaxant, la fatigue des derniers jours est presque dissipée. Il est temps de rentrer à Vang Vieng.

Approvisionnement en jungle

Une équipe composée de Geoffroy, Olivier, François et Eric est partie approvisionner le groupe qui était au gouffre de la Nam Xang Nua. Trouver des guides disposés à aller au bon endroit n’est pas aisé. Il faut déjà arriver à se faire comprendre avant même de négocier le tarif. Au passage, petite frayeur de François quand Geoffroy a confondu kips et dollars pour faire une offre : 100 000 kips n’ont pas pour équivalent 100 000 dollars ! Avec un peu de patience et quelques dizaines de milliers de kips, Ils obtiennent 3 guides qui ne semblent pas parler un mot d’anglais et se mettent en route. L’ascension est rude, les sacs sont chargés et le rythme des guides est difficile à soutenir. A mi chemin, François déclare forfait et décide de faire demi tour pour ne pas ralentir le reste du groupe. Il redescend avec l’un des trois guides. Les autres n’ont malheureusement pas beaucoup plus de chance : les guides n’ont font qu’à leur tête et dirigent le groupe vers la Nam Xang Taï ! Ils ne connaissent pas ou ne veulent pas aller vers la Nam Xang Nua qui semble auréolée d’une sorte de tabou. Impossible donc de rejoindre l’autre équipe qui avait dormi en montagne. Contraints de rebrousser chemin après de multiples palabres, ils ont quand même eu l’occasion d’apercevoir une cavité fossile très intéressante et une perte déjà connue mais inexplorée dans son ensemble… En clair une belle ballade par 30 degrés avec 300 m de dénivelé en 3/4 d’heure…beaucoup d’eau perdue et toujours la même énigme : comment les guides font-ils pour déambuler aussi facilement sur les rochers avec de simples tongs ?